Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mardi, novembre 06, 2007

Sent Martin

« Sent Martin » (prononcé chein Marti) : saint Martin.
Ce qu’il y a de bien avec les proverbes, c’est qu’ils nous donnent quelques indications, « d’entresenhas », sur : comment c’était avant. Avant « la guerra », l’indice Down Johns, Tchernobyl, le coca et l’invention des SMS. Par exemple, « se prenetz la Sent Martin », vous vous rendez vite compte que « be, um s’es vut doas vetz » et que les temps ont bien changés. On disait alors : « per sent Martin la nevia es en chamin o camin, s’es pas lo ser, es lo matin », pour saint Martin la neige est en chemin, si ce n’est pour le soir c’est pour le matin. On ajoutait que « sent Martin esbana buòus e esbolha molins » (chein Marti èïbano lou buow é èïbouillo lou mouli), que saint Martin écorne les bœufs et détruit les moulins. Visiblement, jamais l’été n’aurait duré un mois et demi comme cette année. « Autres còps », autres fois, « l’estivet de sent Martin, durava tres jorns e un bric », l’été de saint Martin durait trois jours et un peu. A peine le temps « de massar dau bois », de ramasser du bois, « e pis qu’es tot », et puis c’est tout.
Ce moment de l’année était aussi propice à un travail primordial, soutirer le vin. « Per sent Martin, bota la bonda e tasta lo vin », pour saint Martin, met la bonde et goûte le vin ». C’est vrai que malgré le temps qui redevenait rigoureux, cette période donnait à manger en abondance. « Per sent Martin, l’aucha au topin, las chastanhas e lo vin », pour saint Martin, l’oie sous la graisse, les châtaignes et le vin. C’est ça le problème quand on se nourrit grâce à la nature, il faut en suivre le pas et les caprices. Aujourd’hui avec les OGM, le hors-sol, et les importations de denrées venues de l’autre côté de la planète, il faut reconnaître que nous ne sommes plus soumis aux caprices des saisons ; c’est fraises toute l’année. Mais méfions nous quand même des vengeances de mère nature. Car sachez qu’« entre la patz e la treva, Martin perdet son àse », qu’entre la paix et la trêve, Martin perdit son âne.