Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

lundi, septembre 24, 2007

"lo rugbí", divendres 7 de setembre

« Lo rugbí » [prononcé lou rrubi]-littéralement : le rugby.
« Quo’es enta », c’est comme ça, ce jeu se pratique, « se fai » avec l’accent du sud. Même le –r- du rucking est roulé.
Le vocabulaire est là pour en témoigner. Le spectateur sudiste sait apprécier le « bon patac, la bona tustada », le bon rentron. Il reconnaît avec l’œil du spécialiste quand « un timplan ou una escodiada », une sévère mandale, punit l’adversaire qui a outrepassé ses droits. Et c’est toute une tribune qui se lève en criant « calhau ! calhau ! » si le rival se trouve hors jeu et qu’il est temps de le sortir d’un rucking viril mais correct.
L’histoire voudrait que le « rugbí » ait pris rapidement ses racines en Occitanie parce qu’il y avait été précédé historiquement par la soule. Cette tradition permettait dans notre pays de régler sans guerre les problèmes entre villages. Deux équipes de solides « goiats », une par village. « Una vessiga » (prononcé bechigo-mot languedocien), une vessie gonflée e bénie, « benesida », par le curé de la paroisse, « de la parroquia ». Un endroit défini par avance où la dite « vessiga » devait être portée. Et enfin possibilité de tout faire « per panar la pauma », pour piquer la balle avec pour seule interdiction « d’esbudelar », d’éventrer et de tuer l’adversaire ; c’est le moins que l’on pouvait attendre. « Vaqui », voici résumé le jeu de soule ancestral, c’était un peu comme le « rugbí » finalement.
Pouvons-nous donc considérer que c’est un « esport » national occitan ? Pas plus « que las quilhas de 8 », que les quilles de 8 en Aveyron, « que lo juec de tamborin », que le jeu de tambourin en Languedoc, ou que « las corsas de vachas », que les courses de vaches dans les Landes. Disons qu’il a fait comme la pétanque (qui signifie en occitan pied arrêté) et s’exporter avec succès au nord de la Loire.
Et ils pourront faire tout ce qu’ils voudront, « lo rugbí » restera une passion des habitants des DOL TOL, des départements et territoires d’outre Loire.