Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

jeudi, mars 01, 2007

la bravituda

« La bravituda » ( prononcer la bravitudo )- littéralement : la bravitude mais c’est un barbarisme.

La langue française supporte mal la création de mots nouveaux. Fortement conservatrice elle garde aux mots leur orthographe d’origine. Alors qu’en occitan on dira et écrira « fotbòle », en français il faudra écrire football, créant ainsi la double [o] qui n’a pas de raison d’être dans cette langue. Alors qu’il faut que l’Académie Française se réunisse des heures pour décider de l’emploi de baladeur au lieu de walkman, en occitan la création d’un mot et de son adoption ne dépendant que de ceux qui veulent l’utiliser. Surfer sur le net devient sans problème « trufar sus la rantela », « e au diable l’Academia »

Il faut dire que la langue d’oc se prête mieux à la création lexicale. Plus souple elle permet de passer de l’idée au mot sans encombres, puis d’une idée proche à une autre en transformant simplement un peu le mot grâce à la suffixation. Ainsi De « las potas », des lèvres, nous passons au « potons », au baiser, qui se fait en « potonar » ou « potonejar », en embrassant. Et celui qui fait la moue, en avançant les lèvres de dépit, c’est celui « que fai lo potin ». De même la table, « la taula » (la tawlo) va offrir une multitude de variantes : « la taulada » (la tawlado)-la tablée dont la plus célèbre est celle de la félibrée, « la tauleta » (la tawlèto)-la table de nuit, « lo taulier » (lou tawlié)-étal ou planche à pain, « lo taulon » (lou tawlou)-l’étagère ou la visière de casquette. Et le fait de demeurer assis à table peut être rendu par le verbe « taulejar » (tawléza). Ainsi les exemples ne manquent pas en occitan tant notre langue colle à la réalité et sait saisir l’idée pour la rendre rapidement par un mot ou une expression.

Je pense de plus que la grande chance de la langue d’oc c’est de ne pas avoir été « sanada » (chonado), émasculée par les censeurs de l’Académie. Elle a gardé la poésie et la liberté du chemin de campagne

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