Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mardi, février 21, 2006

Renegar

« Renegar » (prononcé rénéga)-littéralement blasphémer
Depuis le Moyen-âge, le peuple du sud de la France est un peuple moqueur. Les premiers à avoir montré la voie furent les jeunes nobles. Ils rêvaient à l’époque de voir naître un monde nouveau, libéré de la pression de l’église et ils raillaient durement leurs maîtres. Bertran de Born, seigneur d’Hautefort passa maître dans l’art du Sirventès, ce poème acerbe, ironique et souvent politique, dont il avait fait une arme contre ceux qui étaient ses ennemis.
Rien d’étonnant alors que nous soyons si prompts à la critique,« la critica » (la critico) ou à la picada (la picado). Les occitans ont la dent dure et acérée. Il leur arrive souvent de « criticar » (critica), « degrinhar » (dégrigna), « blasmar » (blama), « janinhar » (zanigna), « reprener » (répréné), « jurar » (zura), en un mot de critiquer.
Nous sommes de « meschants merles » qui n’hésitent jamais à se moquer de tout et de rien. « La mocandisa » (la mocandiso)-la moquerie est devenue chez nous un art. Se moquer ou caricaturer est trop court pour les sudistes. L’occitanophone aime à «se mocar » (sé moca ), « se trufar » (sé trufa), « se fotre » (sé foutré), « s’esriseiar » (s’eïrizia), ou encore « contrufar » (countrufa), « chinar » (sina), « se rachanar » (sé rassana), « blagar » (blaga), « badinar » (badina), « colhonar » (couillouna). Enfin vous l’avez compris nous aimons pouvoir nous moquer de qui nous voulons comme nous voulons. C’est une sorte d’ « espòrt nacionau » qui ne fait de mal à personne. A moins que certains ne pensent que « la bibòla » (la bibolo), la moquerie, soit plus dangereuse que des balles et que les mots d’esprits font plus de mal que les maux du corps.
A « queus pissa-vinagre », à ces pisse-froid, je conseille d’éviter le Périgord, terre du sirventès et de la pensée libre s’ils ne veulent pas risquer « la balha-bela » (la baillo bèlo), la moquerie, indissociable de notre esprit frondeur.

1 Comments:

  • At 8:20 PM, Blogger Unknown said…

    A Hostun, 26730, lors du mariage d'un chasseur, les collègues venaient faire la "baillo" à la sortie de la messe, en tirant des coups de fusil. Jusque dans les années 60. Origine occitane du mot baillo , bayo ?? Des ph sont sur le site:
    , album Lieux-Coutumes. Merci. Dr Tony VITAL-DURAND.
    vitaldurandtony@cegetel.net

     

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