Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mercredi, janvier 18, 2006

Quo sarra

« Quò sarra » (prononcer ko charo)- littéralement : ça serre.
Chaque année lorsque vient l’hiver les gens s’étonnent qu’il fasse froid. Vous trouvez dès les premiers jours de gèle quelqu’un pour dire « Quò sarra » ou « fai freg » (prononcé faï fré)-il fait froid. Certains vous disent même« quò fai pas chaud » (ko faï pa saw).-il ne fait pas chaud. Et oui, vous savez bien que nous aimons bien manier la litote en occitan.
Cependant rien d’étonnant à ce que « lo temps siá borrut » (lou teim chïo bourru)-le temps soit froid de décembre à mars, « fils de garça » ! Même le« Pair Nadau » se trouve sous la neige alors rien d’étrange à ce « quò giala » (ko zialo)-que cela gèle. Et on dit bien en terre limousine : « quò fai freg coma mes de genier » (ko faï fré coumo mèï de zénïé)-il fait froid comme un moi de janvier.
Alors pourquoi s’étonner quand « las gens an freg » dans la rue ? Pourquoi attendre que « quò giala a plata cosdura » (ko zialo a plato couduro) cela gèle à pierre fendre pour ce rendre compte que des gens vivent dans la rue et qu’ils risquent « cassar lor escuna » (cocha lour èscuno)-mourir sans abri. « Tot pariers » (tou parié)-pourtant ce n’est pas une nouveauté. « Se podriá creire » (ché poudrïo crèïré)-on pourrait croire qu’une peuplade fantomatique apparaît juste quand « lo temps vira a la sarrada » (lou teim viro a la charrado)-le temps tourne au froid. « Dempuei que sei jovent » (deimpwèï qué sèï zovein)-depuis ma jeunesse je les voie revenir « a la gialada » (a la zialado)-à la gelée dans le petit écran comme une fatalité « antan, ujan, ueitan » (antan, uzan, uwèïtan) – l’année dernière, cette année, l’an prochain, puis ils disparaissent « a la prima » (a la primo) –au printemps
« Laidonc, fau un vòt per ujan » -je fais donc un vœu pour cette année : j’espère « que tornarem pus trobar » (qué tournareim pu trouba )- que nous ne reverrons pas « ueitan » à la télé « las tòrnas de l’ivern » (la torna dé l’ivèr) les fantômes de l’hiver.