Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mardi, février 21, 2006

la vielha

La vielha (prononcé : la vïeillo)-littéralement : la vieille.
« Zo sabe » (jou chabé)-je le sais, nous vivons dans un monde cartésien où il n’y a pas de place pour les croyances populaires, « las legendas » (la lézeinda)-les légendes, las « fachileras » (la fassiléra)-les sorcières et « los leberons » (lou lébérou)-les lébérous. Et que dire de « la vielha ».
« Tot parier »,cependant, des siècles d’observations ne doivent pas être totalement oubliés et négligés. Il en est ainsi « daus jorns de la vielha », des jours de la vieille.
« Dins le legenda, genier », janvier, n’avait que 28 jours. Et à la fin de ce mois terrible d’hiver, « la vielha » avait cru bon de « se trufar de se », de se moquer de lui en lui disant « que n’aviá pus paur de eu » (qué n’avio pu pawr dé ew)-qu’elle n’avait plus peur de lui, et qu’elle irait se promener « dins los bòscs », dans les bois. « Genier ne’n fuguet tot espotinhat » (zegnié n’ein fuguè tou’t èïpoutigna)-Janvier en fut tout vexé.
Il demanda alors à « belier » (bélié)-février- de lui prêter « tres jornadas », trois journées, afin de pouvoir durer plus longtemps et de se venger de « la vielha en la far crebar de freg», en la faisant mourir de froid. « Entau faguet belier », ainsi fit février, et à force de la « gialar », de la geler, « la vielha ne’n crebet », la vieille en mourut. « E qu’es per quela rason »(é qu’èï pèr quèlo razou), et c’est pour cela que février n’a que 28 jours car janvier ne lui a jamais plus rendu « sas tres jornadas ».
« Tot quò qui per vos dire » (tou ko ki pèr vou dire)-tout ça pour vous dire qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que « quò sarra en questa fin de genier ». C’est normal, et « per un còp » (pèr u’n ko), pour une fois le réchauffement de la planète n’est pas en cause : ce sont là « los jorns de la vielha ». Mais je veux bien concéder que cette année elle a vraiment « esmaliciat lo genier » (eïmalicia lou zénié), qu’elle nous l’ai mis en colère pour de bon, « perque sembla que quò risca durar » !