Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mardi, novembre 13, 2007

gardarem lo morau

« Gardarem lo morau » (prononcé gardaréim lou mouraw) : nous garderons le moral.
«Sabe pas perque », je ne sais pas pourquoi mais il y a un « pitit quauquarren dins l’aer », (u piti kawkorè di l’aïré), un petit rien dans l’air qui me laisse à penser qu’il y a désormais quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Enfin, quand je dis Danemark, « fau entendre », il faut plutôt, « pusleu » comprendre le royaume de France. « Sabe pas se qu’es lo temps », si c’est le temps, « lo pretz de la gazolina », le prix de l’essence, « lo bolegament cronic dau nòstre president bolegaire », le mouvement incessant du président de la République, « màs las gens fan lo potin », mais les gens font la tête. Je dis « potin » (pouti), je devrais mieux dire que « fan lo morre » (fan lou mourré), qu’ils font la gueule.
« Quo es vrai », c’est vrai que j’ai du mal à les comprendre, « a los comprener ». La France est un beau pays, et riche, « en mai d’aquò », en plus. Du moins on y voit des gens riches. « I manquan pas de ren », il y a de tout en abondance et à voir les montagnes de déchets, « de sobras », que nous produisons on ne peut dire le contraire. « Tot parier », de même, nous ne manquons pas d’espace et ni de logements inhabités à la ville comme à la campagne. A se demander comment il peut y avoir des gens « atalentat », qui ont faim et froid dans cette belle contrée. « Laidonc, perque quò vira pas mielh » ? Alors pourquoi cela ne fonctionne pas « De que truca ? De que delinca ? » Qu’est-ce qui cloche ?
« Benleu », peut-être qu’un début de réponse se trouve dans un simple mot : « consumerisma », consumérisme, action de consommer. Après 15 000 ans d’évolution depuis ce vieux coquin de périgourdin Cro-Magnon, l’Homme « es rendut a l’estat de budeu », il n’est plus qu’un tube digestif. Adieu à la « fraternitat, au paratge e la conviviança », à toutes les valeurs de partage, de respect, e à tout ce qui fait de nous des être humains. Aujourd’hui c’est consomme et « barra lo morre » !