Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

mercredi, octobre 26, 2005

« Lo rugbí » [prononcé lou rubi]-littéralement : le rugby.

Qui a écouté un jour les commentaires rugbystiques de Pierre Albaldéjo, émaillés de phrases gasconnes, sait combien ce sport est en phase avec l’esprit occitan. Souvenez-vous de quelques unes d’entre elles : « A costat es pas dedins »-littéralement - à côté n’est pas dedans ; « que cort a hum de caillau » -littéralement - il court aussi vite qu’un jet de caillou ; « s’a près un patac »-littéralement – il a pris un « patac ».Et que dire « de la famosa vessiga » [prononcé lo famouzo bechigo], littéralement vessie mais qui désigne ce morceau de cuire que trente bonhommes se disputent virilement.
C’est comme ça, ce jeu se pratique avec l’accent du sud. Même le –r- du rucking est roulé.
Et le vocabulaire d’avant et d’après match n’est pas en reste. Pas de rencontre sans la musique des bandas, sans « lo berret »-le béret- pour se préserver du soleil comme de la pluie, et bien sûr pas de troisième mi-temps sans « festaires »-intraduisible- pour fêter correctement les victoires comme les défaites.
Les spécialistes s’entendent pour penser que si le « rugbí » a pris ses racines sur notre territoire c’est aussi parce qu’il y avait été précédé historiquement par la soule. Cette tradition virile permettait en Occitanie ancienne de régler sans guerre les problèmes entre villages. Un peu comme le « rugbí » finalement.
Tout ça pour dire que je fus surpris de voir 80 000 spectateurs chanter « Capitaine Flamme » au Stade de France lors de la confrontation Toulouse-Paris. Alors que Toulon accueil l’adversaire au son de la « Copa santa », que les catalans mettent la pression en chantant l’ « Estaca », et que sur les terrains sudistes s’entonne souvent le « Se Canta », le Stade Français communie avec les esprits rugbystiques en ânonnant des génériques de manga des années 80. « Mas ente passada la cultura dau rugbí ? ». A quand l’île aux enfants pour recevoir les Blacks ?