Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

dimanche, août 03, 2008

Gardar la mesura, seguida (prononcer gorda lo mézuro, chéguido)- garder le sens de la mesure, suite.

A l’automne passé je vous citait la phrase du troubadour, seigneur d’Hautefort, Bertran de Born : « Mas sens mezura non es res : », mais sans la mesure il n’est rien. A ce vers, quelques siècles plus tard, en latin cette fois, lui faisait écho un autre immense penseur périgourdin, Michel de Montaigne, en écrivant : servare modum finemque tenere naturamque sequi, il faut garder la mesure, observer la limite et suivre la nature.

« Gardar la mesura », c’est là une maxime qui convient bien à la douce et verte terre du Périgord. Elle est le reflet du caractère « umile », humble et respectueux dont a toujours su faire preuve notre peuple. Et « fau se’n sovenir », il faut s’en souvenir en ces lendemains, « quilhs endomans » d’élections municipales. « Los qu’an ganhats », ceux qui ont gagné doivent penser à ce que l’on dit du prétentieux. Nous disons de lui « que fai lo petaventa », qu’il fait le pète vente, « que s’ufla coma dindau », qu’il se gonfle comme un dindon, « lo mossuraud », le grand monsieur, qu’il est « fier coma un vielh àsne », fier comme un vieil âne, « coma una jaça o una agaça », comme une pie, « coma un jau sus son fumarier », comme un coq sur un tas de fumier, ou plus périgourdin encore « coma un jarric de la Dobla », comme un chêne de la Double.

« E per ilhs qu’an perdut », et pour les perdants, « lor fau pas migrar », qu’ils ne s’inquiètent pas. « I a pas de que », il n’y a pas de quoi se mettre en colère, « s’esmalir, s’esmaliciar, s’esfeunir, se far petar la coa » ; ou pire encore « se ’racar la vita », se foutre en l’air. « Ne’n es de la politica coma dau Championat », il en est de la politique comme du Championnat, d’autres mach, « d’autras partidas » viendront. Il y a toujours des mach retours. Et à l’exemple de Serge Blanco, on peut être un immense joueur sans jamais avoir réussi à gagner « lo Championat ». « E quò l’empachèt pas jamai de jugar ! »