Chronique hebdomadaire en occitan dans sud-ouest Dordogne - Martial Peyrouny

La langue d'oc en Périgord ou comment comprendre les indigènes et mieux les apprécier.

dimanche, août 03, 2008

« Los cremats » (prononcé lou créma) – les brûlés

« Dimenc entrant », dimanche prochain, cela fera 764 ans, le 16 mars 1244, que « sus lo lenhier », sur le bûcher de Montségur en Ariège, les derniers cathares occitans « fuguèren cremats », furent brûlés.

« Lo chasteu o castel », le château de Montségur se livra après un siège, « un sieti », exceptionnellement long de dix mois. Plus de deux cents, « mai de dos cents » cathares, hommes et femmes, « òmes e femnas », refusèrent « de renegar », de renier leur foi. « Fuguèren menats au lenher », ils furent menés vers un bûcher géant aménagé au pied de la forteresse, en un lieu aujourd'hui connu sous le nom de «Prats dels Crémats», de pré des Brûlés.

Mais entre la reddition de la citadelle du vertige et « lo lenher », quinze jours, « doas setmanas », auront été accordés aux assiégés. « Quò qui vai esfeunir », cet évènement va exciter plus tard la curiosité des chercheurs de trésor. En effet « se dich que los catars n’aurián profiechat », il se dit que les cathares en auraient profité pour mettre à l'abri un hypothétique «trésor» ? L'hypothèse s'appuie sur une chronique de l'époque faisant allusion à quatre cathares « qu’ aurián fugit », qui auraient fui « en portar », en emportant un sac mystérieux. Mais peut-être ne s’agissait-il là que d’un trésor spirituel. Cette hérésie chrétienne fut une des rares à ne jamais prêcher autre chose que la non violence, le don aux plus pauvres, l’amour de son prochain comme l’égalité des sexes ; et cela dans un monde où la violence même cléricale était monnaie courante. C’était en soit une révolution. L’inquisition catholique eu raison d’elle et extermina tous les cathares. Avant de périr en 1309 sur le bûcher du château de Villerouge-Termenès, Bélibaste, « lo darrier », le dernier parfait cathare, fit cette prédiction : « Al cap dels sèt cent ans, verdejerà lo laurier», au bout de sept cent ans, le laurier reverdira. « Avem aura passat los set segles ».